… En 1839, après sa
visite au
bagne de Toulon, Victor Hugo devait résumer en quelques lignes
l'essence de la
condition du forçat : "il fallait que le condamné devint
un être
effrayant, qu'enchaîné il fit peur, que
libéré il fit horreur. Le forçat était
une sorte de démon fait par la loi"…
…
L'effectif du bagne de
Toulon passa de 2 000 condamnés en 1749 à…
…
A l’occasion des évasions. Les
Provençaux organisaient de véritables chasses à
l'homme dès que retentissait le
coup de canon annonciateur de l'évènement. C'est ainsi
que des paysans varois –
incités par la prime habituellement distribuée -
assassinèrent dans la garrigue
située entre les villages de Cuers, Pierrefeu et Puget-Ville,
à seulement
quinze kilomètres de Toulon, trois des trente Corses
évadés du fort Lamalgue,
dans la nuit du 20 juillet 1776. Nicolas D., Gio Salle C., de
Crocicchia et Francesco A. de l'Acquale, de la pieve de Niolu, avaient été
déportés et incarcérés à la
suite des rafles de l'été de l'année 1774…
... Le
premier Corse porté sur
les registres de signalements du bagne de Toulon fut…
...
Après un voyage de vingt-quatre
à trente-six heures, ou quelquefois plus lorsque le mauvais
temps sévissait,
l'arrivée sur le sol français donnait lieu à un
rituel immuable.
Les
condamnés de droit commun
étaient transférés au bagne. C’est le cas de
quatre des bandits signalés par
l’article du Courrier de Monaco. Il y avait là les
frères Salvatore et Pascal
L., natifs d’Evisa, âgés respectivement de
trente-et-un et trente-six ans.
Tous deux avaient été condamnés pour
prévarication à vie pour l’un, à neuf ans
de bagne pour l’autre. Pascal décédera, à
l'hôpital des chiourmes de Marseille
où il avait été transféré, le 10
novembre 1772. Le plus jeune frère, Salvatore,
s’évadera de l’atelier de la Corderie, le 25
janvier 1777. Il y avait parmi ces bandits…
…
L'accueil des prisonniers de
droit commun se réalisait sur une plage à l'écart
de la ville. Le
cérémonial
débutait par la mise à nu des arrivants, une fouille dite
"indiscrète",
la confiscation de leurs effets personnels, de leur argent
et de leurs bijoux éventuels. Les arrivants étaient
immédiatement immergés dans de grandes bailles remplies
d'eau. Suivait le
rasage de la barbe et des cheveux. Venait ensuite…
…
Le bagne de Toulon a
fonctionné entre les années 1749 et 1873, et le nombre de
Corses qui y ont été
détenus avoisine les…
Dans
ce nombre, on compte des Acquatella, des B., des C., D., P.,
R., S.,
T. et des V... . A
maintes reprises la traduction fut phonétique. C'est
ainsi que l'on trouve pour
lieu d'origine Aillasse au lieu d'Ajaccio,
Charbounache pour Savinacce,
Calagoueche pour Calacuccia, Moutalte pour Monticello…
Cette
remarque est valable
pour les prénoms et les patronymes, tels Dagnanelle pour
Paganelli, Franke pour
Franchi, Marchoulesse pour Marcellesi, Mouraty pour Murati…
…
Quant aux prisonniers
politiques, et c’est le cas des quatre autres bandits anonymes
arrivés le 16
janvier 1772 et signalés par le Courrier de Monaco, ils
étaient enfermés dans
des salles souterraines de
la Tour-Royale de Toulon, communément appelée Grosse-Tour
par les gens du pays.
Cette tour est…
…
Un courrier du conseiller
Bianchi, rédigé à Toulon le 11 janvier 1739,
relate les difficultés de
navigation, et mentionne le nom des otages :
…
…
Par comparaison avec le
bagne de Toulon, les conditions de détention à la Tour-Royale
de Toulon étaient atroces. Au fil de
l'histoire,
l'on peut affirmer que les déportés
corses constituèrent sa plus forte population…
…
En 1768, le médecin
militaire comparera les détenus à des bêtes
humaines, vêtues de lambeaux
d'étoffes ou quasiment nues…
…
Le taux de mortalité
dépassait très largement celui déjà
élevé enregistré au bagne et qui était de
50% en moyenne…
Dans
les années 1768 et
surtout lors de la période de 1774 à 1778, au plus fort
de la répression, les
salles de la Tour-Royale furent surpeuplées. Le fort Lamalgue,
situé à environ
cinq cents mètres de distance, compléta le dispositif.
Le
24 août 1768, une part non
négligeable de l’armée de Pasquale de'Paoli,
pourchassée par les troupes
françaises depuis Patrimoniu…
Les
… Corses furent enfermés
à la Tour-Royale…
…
Les rafles et arrestations
massives opérées au cours de l’année 1771,
mais plus encore lors des années
1773-1774, notamment dans le Niolu et certaines des autres pieve de
Corse comme
la Balagna...
… Les extraits mortuaires,
notamment pour les années allant de 1774 à 1777, sont
éloquents.Figurent,
entre autres, les noms de…
…
Enfin, au XIXe
siècle, le tandem constitué par Napoléon et le
général Morand ne sera pas en
reste, puisqu’entre les mois d'août
et de septembre 1808, cent cinquante-sept
personnes du village d’Isolacciu, dans le
Fiumorbu, seront déportées et séjourneront dans
les prisons toulonnaises…
…
Bien qu'incomplet, ce
panorama des multiples conditions carcérales
faites à de nombreux Corses au travers des
siècles permet d’illustrer des
situations fort différentes ne
cadrant pas toujours avec les définitions et l’histoire
officielles, les écrits
et les récits transmis sur le sujet.
Plus
significatives encore,
les séquelles engendrées sur les plans physique et humain
sont de nature à
éclairer le sens profond de l'admirable chant "Barbara furtuna, sorte
ingrata".
Le
texte ci-dessus est un extrait d'article. Vous pouvez obtenir la
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