Au sujet du Régiment de Marche de Zouaves de la 3e Brigade du Maroc

Source : http://mascara.p-rubira.com/les_regiments_de_zouaves_1914_19.htm

Le régiment a été constitué dans la région de Bordeaux, à Caudéran, en septembre 1914 avec trois bataillons de zouaves venus du Maroc : 1er du 4e (Cazenove), 2e et 3e du 1er (Mingasson et Bastien). Cette nouvelle unité, sous les ordres du lieutenant-colonel Niessel, prit d'abord le nom de "régiment de marche de zouaves de la 3e brigade du Maroc" qu'il constituait avec le 1er mixte de zouaves et de tirailleurs. Cette brigade, indépendante, était commandée par le colonel Cherrier. Le lieutenant-colonel Niessel ayant dû être hospitalisé, atteint de paludisme aigu, le régiment fut commandé par le chef de bataillon Cazenove lorsqu'il reçut le baptême du feu aux très durs engagements de Carlepont à partir du 16 septembre. Jetés sans aucune préparation dans la bataille, débutant dans la guerre par un assaut sur des positions redoutables, après une marche de 35 kilomètres, les zouaves avaient payé leur succès de 160 tués dont 7 officiers, 360 blessés dont 12 officiers. Du 20 septembre au 17 avril 1915, le régiment ne devait plus quitter cette région.

 

L’HISTOIRE OFFICIELLE

Journal des marches et opérations du Régiment de Marche de Zouaves de la 3e Brigade du Maroc pendant la campagne du 29 août 1914 au 22 décembre 1914.

Source : Mémoires des hommes, Journal de marche et des opérations, 26 N 843/3

 
Composition du Corps au jour de départ

1er Bataillon du 4e Régiment de Zouaves

Tableau nominatif des officiers

M.M. Cazenave, chef de bataillon, Arnaud, capitaine adjudant major, Ducluzaux, médecin aide-major de 1ere classe, (Poncy-Noguez), médecin auxiliaire

1ere compagnie : Imbault, capitaine, Dedieu et Massiani, lieutenants, Guittard, lieutenant de réserve.

16 septembre 1914, engagement au combat à 14 heures 30, sur la route de Tracy le Val à Carlepont (Oise). Fusillade très violente, l’artillerie ennemie coupe la première ligne de projectiles. Malgré les pertes subies, les premières tranchées sont enlevées vers 17 heures. La compagnie participe à éviter le pillage des maisons du villages par les ennemis. Le Régiment a déployé une extrême bravoure, en enlevant les positions sans aucune préparation par l’artillerie, la Brigade en étant démunie. Aussi les pertes ont été très élevées. 1er Bataillon du 4e Zouaves : 25 tués dont 4 officiers (l’un d’entre eux est le capitaine Arnaud. Le capitaine Gros de Vaud le remplace mais sera grièvement blessé dès l’engagement des combats du lendemain matin. Il est remplacé par le capitaine Bernabin). 115 blessés dont 3 officiers. 13 disparus.

Le lendemain 17 septembre 1914, très violents combats. Vers 17 heures, le bataillon auquel appartient Massiani reçoit « l’ordre du colonel commandant la 3e Brigade Marocaine de se replier sur leurs emplacements primitifs à la lisière nord de Carlepont, ce mouvement de retraite s’effectue avec les plus grandes difficlutés et nous perdons beaucoup de monde. Quelques instants après, le chef de corps reçoit de la Brigade l’ordre de reprendre l’offfensive ». Ils progressent de 1 000 mètres. « La nuit tombant l’ordre est donné de replier de nouveau » à Petit-Maupas. Pertes de la journée pour le même bataillon : 11 tués, 54 blessés, 9 disparus.

Le 18 septembre 1914 à 2 heures du matin, le bataillon quitte Carlepont pour arriver au château de Piézigneux à 4 heures du matin. Départ à 6 heures du matin pour la lisière de la forêt de Laigue. Il est « en butte pendant 2 heures au feu de l’artillerie adverse ». Vers 15 heures, après avoir été porté à 12 heures en avant poste de la ligne de résistance, il est dirigé au sud de l’église de Tracy-le-Val. Il s’établit pour la nuit dans les tranchées.

Le 19 septembre 1914, le bataillon est relevé de la tranchée vers 16 heures 30.

Le 20 septembre 1914, le bataillon s’établit vers 10 heures sur 3 lignes de tranchée renforcées par des réseaux de fil de fer. Le sol jonché de nombreux cadavres allemands. Pertes : 17 blessés.

Le 22 septembre 1914, 9 h. 55 ordre d’attaque de Bailly

Le 23 septembre 1914, 4 heures du matin, ordre d’attaque d’Affénont [Offemont, Saint-Crepin-aux-Bois]. Le capitaine Bernalin est grièvement blessé à la figure et continue à commander en écrivant de petits billets parce qu’il ne peut pas parler, les lieutenants Massiani et de Franclieu sont blessés, mais peu grièvement ; beaucoup de tués et de blessés (8 tués,111 blessés, 8 disparus).

Le 24 septembre 1914, « ont été en butte toute la journée à une cannonade violente et s’abritent dans des tranchées ».

Le 25 septembre 1914, combats très violents. La lutte continue dans le bois sans progrès d’aucun côté. A partir de 7h. 20 tout notre front est successivement canonné par l’artillerie de campagne ennemie… de la plus grande violence (canon et obusier léger) et se prolonge jusqu’à la nuit. Le bataillon, en 2e ligne a 1 tué et 2 blessés. A la nuit, il relève en 1ere ligne le bataillon Bastien. Le bataillon reçoit dans la journée les félicitations du général commandant la 37e Division pour sa belle conduite le 23.

Le 26 septembre 1914. Nuit calme. On a vu les lanternes des allemands ramassant leurs morts et blessés ; on n’a pas tiré dessus. Au matin les patrouilles trouvent de nombreuses traces de sang et beaucoup d’étuis vides sur les routes de Bailly à Tracy-le-Val et Allencourt et dans les lignes d’arbres devant le front ; l’une d’elles trouve une dizaine de morts (allemands) du 84e régiment de réserve à environ 1 500 m devant notre front. La sortie S. E. de Bailly, évacuée la veille par erreur, est réoccupée au jour… Le bataillon est dans les tranchées à 300 m de Quennevières. Pertes : 1 tué, 6 blessés (dont A. Massiani).

Le 27 septembre 1914. Journée calme. 10 blessés.

Le 28 septembre 1914, nuit calme sur tout le front. 1 blessé.

Le 29 septembre 1914, à 16 h 30 des obus français tombent sur notre poste de Bailly. Le bataillon est à la lisière de Tracy-le-Mont. Perte : 1 tué, 1 blessé.

Le 30 septembre 1914, le bataillon passe à 4 h 30 en 2e ligne. A 20 heures, il passe en 1ere ligne.

Le 1er octobre 1914, le bataillon repasse en 2e ligne.

Le 2 octobre 1914, le bataillon en 2e ligne dans la journée repasse le soir en 1ere ligne devant Quennevières à 21 h. Il a 3 blessés.

Le 4 octobre 1914, le bataillon passe de nouveau en 1ere ligne à 19 h. Perte : 1 blessé. [Il est signalé l’emploi d’une batterie de 90 par les allemands. De même côté français est utilisée une batterie de 95, mais des ordres recommandent de ménager les munitions.]

Le 6 octobre 1914, le bataillon est en réserve à la Faisanderie d’Offémont.

Le 10 octobre 1914, le bataillon en 1ere ligne devant Quennevières. Dans la nuit du 10 au 11 un homme blessé en reconnaissance.

Entre cette date et le 20 octobre le batailon est successivement en 1ere ligne et en 2e ligne ou réserve.

Le 22 octobre 1914, le bataillon a 1 tué et 1 blessé par éclats d’obus.

Le 28 octobre 1914, en 1ere ligne devants Quennevières.

Le 29 octobre 1914, journée calme jusqu’à 14 h. 30, à ce moment ordre est donné à toute l’artillerie de la Division de canonner la zone Quennevières et abords, Maison-Rouge, Maison-Neuve, les Loges, Nampcel. La batterie de Nervaise canonnait les abords de Tracy-le-Val où la 74° Brigade devait essayer de s’emparer du cimetière. La 3° Brigade du Maroc devait se montrer agressive sur tout son front, appuyée par la batterie de 90 et de 95 tirant sur les abords de Bailly N. et la Quenotterie. Violente canonnade allemande pour repousser la progression dans les tranchées. Perte : bataillon Cazenove, 6 blessés (légers).

Le 31 octobre 1914, à partir de 1 h. la nuit a été calme sur notre front. Relèves du matin sans incidents. Matinée calme. Notre batterie de 95 tire avec précision sur la partie N. de Bailly. A midi 45 ordre prescrivant de recommencer l’opération d’hier. 73° Brigade, consolidation à Quennevières. A 17h. 40, on a gagné une maison dans Bailly N. et occupé une ancienne tranchée ennemie évacuée. Devant Quennevières, le 1er Bataillon du 4° Zouaves, en 1ere ligne a été violemment attaqué, mais a repoussé l’attaque par le feu à 50 pas ; le lieutt Massiani a été tué et le capitaine Imbault comdt le bataillon blessé. Les pertes sont sensibles. Pertes : Lieutenant Massiani tué, capitaine Imbault et lieutenant Sanchis blessés, 9 hommes tués et 23 blessés.

1er novembre 1914. Quennevières tenu par le 1er Bon du 4° Zouaves, a subi dans la nuit une violente attaque brisée par le feu à 50 pas. L’artillerie ennemie a battu violemment toute la matinée le terrain en arrière de Quennevières. La notre ne parvient pas en raison de la proximité des tranchées ennemies et des notres à battre efficacement les premières et à en éteindre le feu. A Quennevières, on a travaillé toute la journée à améliorer les tranchées de 1ere ligne. Ce travail est géné par le feu ennemi qui cause des pertes. Accalmie à partir de 19 h. 30, mais les mitrailleuses ennemies ne cessent de tirer sur tout isolé se montrant autour de Quennevières. La nuit est employée à améliorer les travaux mais le clair de lune rend les travaux très difficiles et la relève impossible jusqu’après minuit. Les pertes mentionnées dans la journée d’hier pour les Baton Cazenove et Bastien comprennent les journées du 31 octobre et 1er novembre.

 

EPILOGUE

La fiche signélatique du corps d’armée indique qu’Antoine Massiani est mort pour la France le 1er novembre 1914 à Quennevières (Oise).

Le lieutenant Antoine Massiani, né le 30 juin 1884, était âgé de trente ans. Il appartenait à la classe 1904 et portait le numéro matricule 814.

Antoine Massiani est inhumé dans une tombe individuelle du carré O n° 10 à la nécropole nationale de Tracy-le-Mont dans le département de l’Oise (France). La mention de son décès a été inscrite sur le registre d’état-civil du village de Lama, département de Haute-Corse, le 11 août 1915 et porte le numéro 124/2.

Antoine Massiani était l’un des fils de Paul et Marie, née Samarcelli. Il avait pour frères et sœurs : Rosalinda, Mathea, Ange-Toussaint, Marie, François-Antoine, Anne-Marie, Jeanne et Vital. C’est grâce à ce dernier nommé que nous avons eu connaissance du journal d’Antoine Massiani.

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