Le lundi 15 octobre 1646 à Mausoléo :

visite pastorale de Monseigneur Marliani, évêque de Mariana et Accia


Une visite pastorale est un évènement de grande importance. Elle a, sans aucun doute, vu le rassemblement de la totalité de la population présente au village, soit près de cent vingt personnes.

En provenance du village aujourd’hui abandonné de Sepola et de celui d’Asco, qu’il note distant de 8 mille de sa prochaine étape, Monseigneur Marliani visite San Quilico de Vallica, le dimanche 14 octobre 1646 après le déjeuner. Le lundi 15 octobre au matin, il visite San Nicolao d’Olmi et Cappella, puis dans la foulée, Mausoléo. C'est à ce moment-là qu’il indique visiter la Pieve de Giussani.

Au sujet du village de Mosoleo, l'évêque Marliani précise* notamment : « ... Chiesa sotto titolo di S. Salvatore, della quale è pievano P. Anton Filippo Laureti di Belgodere di Balagna, d’età d’anni 42.

... La chiesa di S. Salvatore, che serve per parrochiale della plebania (giacchè la chiesa propria ch’è sotto titolo di S. Gio. Battista è lontana un miglio dal Mosoleo) e dove risiede il pievano, ha l’altare maggiore dedicato al Salvatore con il tabernacolo del Santissimo, ed a cornu epistolx una cappella del Rosario con la compagnia e le indulgenze ; non c’è compagnia del Santissimo, ma la Regola delle Donne, e la Casaccia laica sotto titolo di S. Croce ; la chiesa è piccola, e di non bella struttura...

... Non altra villa sottoposta che il Mosoleo, di fuochi 34 uniti, anime 120, di comunione 70...

... Li principali del Mosoleo sono : Gio. Antone q. Domenico, Luca Antone q. Francesco, Agostino q. Pietro, Cipriano, Antonio Cristofino e Gio. Luca q. Egidio... » [la mention "q." signifie "fils de feu..."]


 Commentaire de ce texte :

Le Pievan Anton Filippo Laureti, résidant à Mausoléo, est originaire de Belgodere de Balagna où il est né en 1604. Il est à noter que le précédent curé, Giacomo Antonio Giudicelli, était lui aussi pievano de Mausoléo où il résidait. Il est décédé en fonctions en 1643. Anton Filippo Laureti exerce toujours en 1663. 


L’église San Salvatore est l’église paroissiale du village de Mausoléo du Ghjunsani puisque l’église dédiée à Saint Jean Baptiste où réside le Pievano est éloignée d’un mille du village. Un mille terrestre représente environ mille cinq cent mètres. L’estimation de cette distance indique que l’église du village de San Giovanni, situé sur le territoire du village d’Olmi Cappella, était encore en activité en 1646. Or, nombre d’écrits attestent que le village de San Giovanni est actif à partir du XIIe et aurait été abandonné au XIVe siècle !

Le maître-autel de l’église de Mausoléo est dédié au Sauveur avec le tabernacle du Saint Sacrement…

La confrérie laïque est dédiée à la Santa Croce. La mémoire orale indique que l'église aurait été construite sur les ruines de ce bâtiment. Or, l'évêque indique que l'église est ordinaire et petite. Cette remarque appuie l'hypothèse de la construction de l'église en deux temps : jusqu'au XVIIe siècle aurait existé une petite église dépendant de la piévanie de San Giovanni. A partir du XVIIe siècle, l'église actuelle aurait été érigée.

En tous les cas, est-ce le hasard [très peu probable] ou une simple supputation, on note qu'entre 1663 et 1672, lorsqu'il rédige les actes de baptêmes et de mariages [source Archives départementales de la Haute-Corse], le Pievan Anton Filippo Laurenti utilise un qualificatif assez peu commun : "nella Basilica del Salvatore del Mausoleo" signifiant ainsi qu'il ne s'agirait plus d'une petite église mais d'un plus grand et donc d'un nouveau bâtiment ? 

L'évêque note que cent vingt personnes regroupées en trente quatre feux peuplent le village. Ceci laisse envisager un habitat compris dans une fourchette de dix à vingt maisons (chiffre à comparer aux trente cinq maisons actuelles).

On remarque de plus que les patronymes ne sont pas encore fixés, bien qu’un notaire Renucci soit attesté en 1640 (Fonds des notaires, Archives départementales de Haute-Corse)


Jacques DENIS

* Source : Bulletin des sciences sociales et historiques de Corse, n° 113-114, année 1890, visites pastorales en Corse par les évêques de Mariana... Publiées par M. Ph. de Caraffa.

 

 

 
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