Située à
l'intérieur des terres, à la limite nord du Parc
régional de Corse et en retrait des zones
de Balagne à
forte
fréquentation touristique, la forêt de Tartagine
est
communément présentée comme la troisième
plus belle forêt de Corse.
Elle couvre près de 2 800
hectares et son sommet le plus élevé, le Monte Padro, culmine
à 2 390 mètres.
Autrefois incluse dans le périmètre du furestu qui complétait
les espaces fonciers dévolus au circulu et aux prese, la forêt
était propriété
indivise des communautés de la pieve de Giussani. La
présence de
différentes essences permettait l'utilisation du
bois sous forme de poutres, de charpentes et de planchers. A Mausoléo, des maisons
portent aujourd'hui encore les
traces de ces utilisations. Les essences moins
nobles étaient destinées au chauffage.
La jouissance de ce vaste espace était
réglementée par les autorités communautaires des
quatre villages du Ghjunsani
qui
permettaient la chasse et la
cueillette, mais ces activités étaient marginales. En
revanche, le
pastoralisme étant l'activité économique
première des villages, le libre parcours des
animaux était autorisé. Les chèvres
étaient particulièrement nombreuses sur le massif, de
même que les brebis qui transhumaient de la plaine en
période estivale.
Pour faire respecter les droits coutumiers et les règlements,
les communautés
élisaient chaque année (ou pour une période de
deux ans) des guardiani.
Une de ces
élections est attestée par acte notarié en 1616.
Puis les nombreuses péripéties de l'histoire ont
bouleversé l'équilibre intial patiemment construit au
cours des siècles. Après l'annexion de 1768, la mise en
oeuvre de lois contraignantes conduit à exclure les
bergers de cet espace. En 1829, c'est en vain
que les autorités nationales tentent encore de faire
pression sur les maires pour privatiser les espaces communautaires. Ces
derniers
opposent un refus unanime.
Au cours de
l'année 1991, répondant
à une interview, Antoine
Fabiani-Antonelli, ancien maire de Mausoléo,
résumait en quelques phrases cette évolution
historique :
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Pont de la
forêt, accès par
le sentier de Mausoléo
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La construction de la
route qui conduit à la forêt a été
officialisée par le décret du 28 mars 1852 relatif aux
Forêts domaniales de la Corse.
Présentée comme un
service rendu aux populations, l'opération masquait la
récupération de surfaces forestières au profit de
l'Etat et devait faciliter l'exploitation du bois par des
concessionnaires privés.
Aujourd'hui, l'aspect
de la forêt et ses
accès, tant
par la route forestière étroite et sinueuse qui traverse
les territoires d'Olmi Cappella,
de Pioggiola et de Mausoléo que par les
multiples sentiers
aménagés par le Parc
régional de la Corse, sont
particulièrement sauvages et remarquables.
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Tartagine, décembre 2009 |
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Tartagine, avril 2010 |
La chénaie
verte et la juniperaie
(à genévriers
oxycèdres) sont classées en zone natura 2000. Elles
abritent plusieurs espèces sauvages de mammifères,
amphibiens et
reptiles, poissons, invertébrés et plantes
[FR9402004 ].
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Salamandre
tâchetée |
La partie de
la forêt communale indivise de Mausoléo-Olmi Cappella
dont
la commune
de Mausoléo
possède environ la moitié de la
surface a été soumise au
régime forestier par une ordonnance royale du 16 décembre
1837.
Elle occupe le versant
nord-ouest de la vallée
de la Tartagine
adossée à celle d'Asco.
Couvrant
un peu plus de 240 hectares, sa partie sud comprend 3 Zones
naturelles d'intérêt écologique faunistique et
floristique (ZNIEFF).
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Silibosa : effets
dévastateurs de l'incendie
de 2003 |
Cette forêt est
essentiellement peuplée de pins larici
et, suivant les zones et les altitudes, de yeuseraie corse, de
yeuseraie
à houx, de genévriers, de bruyère
arborescente,
d'anthyllis hermanniae.
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Détail
écorce de laricio |
Détail tronc de
chêne |
On y trouve aussi des chataigniers, des frênes, des
érables de Montpellier et des bouleaux et une grande
variété de plantes endémiques.
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Houx de Tartagine |
Digitale pourpre
(Digitalis purpurea) |
Des espèces
remarquables y vivent, telles le Gypaète
barbu, l'aigle royal, le mouflon, l'autour des palombes, la
sitelle
corse et le cerf corse récemment réintroduit.
La revue Stantari consacre
des articles à certaines des espèces
présentes sur le massif forestier de Tartagine-Melaja. Le n° 17, Mai -
Juillet 2009, évoque le gypaète
barbu . Le n° 15, Novembre 2008 -
Janvier 2009, traite (pages 11-17) de la renaissance du
cerf de Corse
: "Dans le Caccia-Ghjunsani
un nouveau noyau de population a été créé
en 2007 sur les communes de Moltifao et Castifao par la venue de 29
animaux... La petite population occupe aujourd'hui plus de 1 000
hectares dans la vallée de Tartagine..."
Toutefois, les
espèces les plus communes observées quotidiennement sont
le sanglier, le
milan royal, le pic, le geai, le pigeon ramier, la bécasse ou le
petit duc.
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