Une colonie horticole... ce
qualificatif bucolique semble évoquer les jardins
d'agréments. Il a été utilisé sous le
second Empire et dissimule en réalité un bagne. Qui
plus est un bagne
destiné à punir et à faire travailler des enfants.
Oui, la colonie horticole de Saint
Antoine, située dans la vallée du Vitullo sur le
territoire de la ville d'Ajaccio,
était un bagne pour enfants
qui fut actif entre les années 1855 et 1866.
Dans un remarquable ouvrage issu d'un
travail érudit, René
Santoni nous plonge dans la
réalité historique de la répression des mineurs en
France au XIXè siècle et son application sur le terrain
corse.
L'auteur aborde en particulier la loi
du 5 août 1850 et le sujet des colonies agricoles, puis il nous
fait découvrir la chronologie de cette trop fameuse colonie
correctionnelle. Sont ainsi relatés la création, la
direction et l'encadrement, les gardiens, la gendarmerie
spécifique, la vie à la colonie, le régime
alimentaire, les conditions sanitaires, avec le sujet particulier du
paludisme dont nombre d'enfants ont été victimes, et bien
d'autres aspects de la vie quotidienne des enfants-bagnards.
Il ne reste de Saint Antoine qu'un
misérable vestige de mur délimitant un cimetière
abandonné et envahi par le maquis où sont inhumés
les enfants décédés.
Cela ferait sans doute tâche
à Ajaccio
d'honorer ces pauvres enfants oubliés de
l'histoire.
Fort heureusement, Laurent Santoni
s'est fait un devoir d'éditer l'important travail de son
père. Une
édition à compte d'auteur dont on regrettera seulement la
diffusion restreinte.
Il est toutefois possible de se
procurer cet
ouvrage (15 euros) auprès de la librairie Les Palmiers
à Ajaccio.