Bon di, bon capu d'annu, Pace è salute pè u 2015


 - En guise de cadeau de nouvel an, j'ai le plaisir de vous offrir un document rare concernant la Corse et particulièrement le Ghjunsani.

 Le texte qui suit est extrait du ceppu [registre] de l'un des notaires du Ghjunsani. Au milieu du XVIIe siècle, Anton Giudicello Luciany, habitait à Vallica et exerçait dans toute la région.

 L'acte a été rédigé le 21 septembre 1650, "intorno alla chiesa Santo Nicolao di Giussani", soit à l'extérieur de l'église paroissiale Saint Nicolas d'Olmi e Cappella [église qui était déjà consacrée et desservie en 1554 par un prêtre originaire de Monticello], ce en présence de la "maggior parte delli huomini, popoli e comonita" assemblés pour traiter de divers sujets touchant à la vie des villages de la Pieve et habilités à prendre les décisions utiles à la vie quotidienne.

 Ce jour-là, les représentants de la communauté de Ghjunsani décident d'engager un "chirugio osia medico", c'est-à-dire un médecin qui, par ce contrat, est tenu de venir soigner les malades 2 jours par semaine. Le choix se porte sur Antonorso de Ferando de Paganosa di Caccia [le quartier de Paganosa, dominé par sa tour de défense aujourd'hui en ruines, est situé sur les hauteurs du village de Castifau]. La rémunération du médecin est faite en nature par des "bacini" de seigle. [le bacinu est une mesure qui contient environ une douzaine de litres].

 Commentaire : ces pratiques sont déjà connues en Corse. Marie-Thérèse Avon-Soletti dans sa thèse sur les Constitutions de Pascal Paoli [Voir ] a produit un document similaire acté à Belgodere peu avant la fin du XVIe siècle. Toutefois, ce nouveau document confirme des pratiques démocratiques non soumises à un pouvoir centralisateur de droit divin, mais aussi le rôle social des élus et représentants locaux. En outre, sur le fond, il préfigure une sorte de sécurité sociale.

 Les Corses en 1650, un peuple archaïque ?
 





 


 
 

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